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Démarche artistique
Démarche artistique / Artist's statement
Qu’est-ce que vous cherchez à exprimer ou à communiquer par le biais de votre production artistique ?
Greg Zibell : Mon travail artistique est un travail engagé qui utilise le moyen photographique pour donner vie à un événement destiné à disparaître. Ce n’est pas innocemment que j’ai choisi la photographie comme médium. La photographie allie les trois temps : passé, présent, futur. Elle fige un instant pour montrer dans l’avenir un « ça a été » qui n’est peut-être plus. Une de mes préoccupations artistiques principales concerne la pérennité. Comment conserver la mémoire des êtres ou des lieux, pour qu’ils continuent à vivre de manière fictive et abstraite dans l’avenir ? Cette mémoire est intimement liée à une préoccupation qui sous tend toute ma production artistique: le respect. Comment rendre hommage à ces relations affectives, humaines, sociales qui lient des individus entre eux ou aux lieux dans lesquels ils évoluent ? Est-il possible d’imaginer que ces vies fictives puissent prolonger les vies réelles ? Je cherche principalement à sauvegarder des traces de ce que je ressens, de ce que je vis, parce que le temps revêt une importance particulière dans mon travail. C’est un peu le fil rouge de mon activité. J’ai une conscience constante de notre état de mortels et de la non persistance des choses de la vie. J’ai en cela une influence bouddhiste. Je construis un travail qui devrait permettre de freiner le cycle de la vie, voire de briser, symboliquement par la matérialité de laphotographie, l’irréversibilité de la mort. Je m’y emploie en créant des séries qui sont autant de pulsations de ma vie. Pour autant mes travaux de sont pas des productions narcissiques mais portent en eux une valeur d’universalité. C’est la raison pour laquelle la création artistique me paraît être la plus à même de répondre à cette volonté. Je souhaite faire réagir le public à mon travail en le dérangeant mais surtout en l’amenant à en se questionner sur sa propre attitude face aux problèmes du monde.
Quels sont les thèmes que vous privilégiez ?
G.Z. : Les thèmes que je privilégie sont l’Homme et ses environnements. J’utilise ces termes dans leur acception la plus large : Être humain d’hier et d’aujourd’hui et environnement personnel et collectif c’est-à-dire comme l’habitat, les espaces collectifs ou l’environnement naturel. Quelles actions a l’homme sur ses environnements immédiats ou plus lointains ? Comment ces derniers peuvent influer l’être humain ? Quelles relations existe-t-il entre ces deux concepts ? Voilà des questionnements qui m’intéressent.
Quels sont les angles de traitement de ces thèmes ?
G.Z. : Je cherche à traiter ces thèmes de manière engagée en utilisant un point de vue dans lequel la dimension historique et temporelle revêt une forme particulière. Mais je travaille également en composant mes images en m’appuyant sur les équilibres du format carré ou rectangulaire, en travaillant sur les lignes, en amenant le regard du spectateur à se déplacer dans l’image. Cet aspect d’équilibre donne du sens à ce que je produis parce que je souhaite contribuer à rendre les Hommes plus en paix avec eux-mêmes. La lumière a également une place prépondérante dans mon travail. La photographie c’est l’écriture de la lumière. Que je la traite en noir et blanc ou en couleurs, c’est elle qui est le sujet de mes regards. De ce fait, mon corps joue aussi un rôle majeur dans mon travail. En recherchant des angles de prises de vue particuliers, je l’engage tout entier dans cette démarche.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
G.Z. : Du fait que le temps a une place particulière dans mon travail, c’est en envisageant l’avenir que je trouve des thèmes qui m’ébranlent. C’est dans ce constant va et vient entre le passé, le présent et l’avenir que je trouve mon inspiration. J’imagine ce que sera demain, je regarde comment hier était, je vis dans la société d’aujourd’hui en me déplaçant beaucoup pour tenter d’avoir un spectre le plus étendu possible et de ce travail de confrontation nait ce qui me donnera l’inspiration. Qu’est ce qui risque de disparaître ? Qu’est ce que je souhaiterais voir évoluer dans l’avenir ? Qu’est ce qui m’émeut aujourd’hui et que je voudrais partager avec les générations futures ?
Comment qualifier votre production ?
G.Z. : Je pense pouvoir dire que j’ai une production protéiforme. Je remets en question en permanence ma production. Je m’attache à découvrir sans cesse de nouvelles voies. Et pourtant, mon style est reconnaissable. Je cherche à ne jamais me laisser enfermé dans un courant ou une catégorie. Je cherche à poursuivre mon travail avec la plus grande liberté possible. Je me penche sur des sujets aussi différents que les déportés d’Auschwitz, la population mondiale ou encore l’architecture et la lumière. Je commence aussi à travailler avec l’image mobile. Ma production est, par ailleurs, fortement en lien avec le monde, je reste très attaché à produire un travail qui s’ancre dans le réel même si j’aime donner une approche mystérieuse à mes productions pour susciter le questionnement. Et l’onirisme est aussi souvent présent. Mon travail est également relativement intellectuel dans la mesure où il est le fruit de diverses réflexions quant à la forme finale de la production, au rapport entre textes et images.
À quoi se réfère votre production ?
G.Z. : Ma production s’enracine dans une culture artistique qui est devenue le terreau de mon travail. De nombreux artistes plasticiens ont joué un rôle déterminant dans ma propre pratique. Je pense en particulier aux peintres Vermeer et Rembrandt qui ont eu une attention véritable au traitement de la lumière pour ne parler que d’eux. Quant aux photographes, je peux citer les plus marquants : Hiroshi Sujimoto pour son oeuvre qui conjugue à la fois le temps et la lumière ; Georgui Pinkhassov pour la matérialité qu’il parvient à donner à la lumière ce qui le rapproche d’un autre photographe, David Allan Harvey qui recherche également à inclure dans ses photographies des couleurs d’une extrême finesse de tons. A l’opposé, je pourrais aussi mentionner Daido Moriyama pour qui les contrastes du noir et du blanc semblent s’affronter avec violence alliant avec beaucoup de justesse la forme et le fond. Je suis également sensible aux travaux de Mickaël Ackermann et d’Antoine d’Agata qui ont une tension similaire face aux événements de la vie. Ils photographient non pas ce qu’ils voient mais ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent. Dans un toute autre registre, j’apprécie l’oeuvre de Pentti Sammallahti qui associe humour, composition et instant décisif tout comme peut le faire Henri Cartier-Bresson. J'apprécie aussi particulièrement le travail de Arno rafaël Minkkinen qui associe humour, performance physique, lumière et composition.
Artist's statement
What do you seek to express or communicate through your artistic production?
Greg Zibell: My artistic work is a committed work that uses the photographic medium to give life to an event destined to disappear. It is not innocently that I chose photography as a medium. Photography combines the three times: past, present, future. She freezes for a moment to show in the future an "it was" that may not be anymore. One of my main artistic concerns concerns sustainability. How to preserve the memory of beings or places, so that they continue to live in a fictitious and abstract way in the future? How can we pay homage to these emotional, human and social relationships that bind individuals to each other or to the places in which they evolve? Is it possible to imagine that these fictitious lives can prolong real lives? I mainly seek to save traces of what I feel, of what I experience, because time is of particular importance in my work. This is kind of the common thread of my activity. I have a constant awareness of our being as mortals and the non-persistence of the things of life. I have a Buddhist influence in this. I am building a job that should make it possible to slow down the cycle of life, even to break, symbolically, the irreversibility of death. I do this by creating series that are all the beats of my life. However, my works are not narcissistic productions but carry within them a value of universality. This is the reason why artistic creation seems to me to be the most able to respond to this desire. I want to make the public react to my work by disturbing them but above all by making them question their own attitude to the world's problems.
What are the themes that you favor?
G.Z. : My favorite themes are Man and his environments. I use these terms in their broadest sense: Human being of yesterday and today and personal and collective environment, that is to say, like habitat, collective spaces or the natural environment. What actions does man have in his immediate or more distant environments? How can these affect humans? What relations exist between these two concepts? These are questions that interest me.
What are the angles of treatment of these themes?
G.Z. : I seek to treat these themes in a committed way using a point of view in which the historical and temporal dimension takes a particular form. But I also work by composing my images by relying on the balances of the square or rectangular format, by working on the lines, by bringing the viewer's gaze to move in the image. This aspect of balance gives meaning to what I produce because I want to help make people more at peace with themselves. Light also has a preponderant place in my work. Photography is the writing of light. Whether I treat her in black and white or in color, she is the subject of my gaze. Because of this, my body also plays a major role in my work. By looking for particular angles of view, I fully commit to this process.
What inspires you?
G.Z. : Because time has a special place in my work, it is in looking to the future that I find themes that shake me. It is in this constant back and forth between the past, the present and the future that I find my inspiration. I imagine what tomorrow will be like, I look at how yesterday was, I live in today's society by moving around a lot to try to have the widest possible spectrum and from this work of confrontation is born what will give me inspiration. What is in danger of disappearing? What would I like to see evolve in the future? What moves me today that I would like to share with future generations?
How to qualify your production?
G.Z. : I think I can say that I have a protean production. I constantly question my production. I am committed to constantly discovering new paths. And yet my style is recognizable. I try to never let myself be locked into a stream or a category. I try to continue my work with the greatest possible freedom. I look at subjects as different as the deportees from Auschwitz, the world population or architecture and light. I am also starting to work with the mobile image. My production is, moreover, strongly linked to the world, I remain very attached to producing work that is anchored in reality even though I like to give a mysterious approach to my productions to arouse questioning. And dreaminess is also often present. My work is also relatively intellectual insofar as it is the fruit of various reflections on the final form of the production, on the relationship between texts and images.
What does your production refer to?
G.Z. : My production is rooted in an artistic culture that has become the breeding ground for my work. Many visual artists have played a determining role in my own practice. I am thinking in particular of the painters Vermeer and Rembrandt who had genuine attention to the treatment of light to speak only of them. As for the photographers, I can cite the most striking: Hiroshi Sujimoto for his work which combines both time and light; Georgui Pinkhassov for the materiality he manages to give to the light which brings him closer to another photographer, David Allan Harvey, who also seeks to include extremely fine tonal colors in his photographs. In contrast, I could also mention Daido Moriyama for whom the contrasts of black and white seem to clash with violence, combining form and substance with great accuracy. I am also sensitive to the work of Mickaël Ackermann and Antoine d’Agata who have a similar tension in the face of life events. They photograph not what they see but what they feel, what they experience. In a completely different register, I appreciate the work of Pentti Sammallahti which combines humor, composition and decisive moment just as Henri Cartier-Bresson can do. I also particularly appreciate the work of David Allan Harvey who combines sensitivity, light and composition.
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